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rendrel'histoire
20 avril 2017

Les Pharaons en pagne. Une exclusivité SIPADAK 2ème édition

Nous sommes invités à animer une conférence scientifique sur l’origine du pagne africain à la 2ème édition de SIPADAK (Salon International du pagne de Dakar). C’est dans ce contexte que  nous avons l’intention de faire découvrir aux exposants et visiteurs de SIPADAK à la 2ème édition «  les Pharaons en pagne » car le pagne africain tire son origine de l’Egypte  Pharaonique ([1] ).

            L’objectif poursuivi est  de nous remémorer à travers le pagne africain de  nos origines  qui remontent aux Pharaons  ([2] ). Autrement dit, à la 2ème édition du Salon International du pagne de Dakar, nous   démontrerons  que la culture du port de pagne en Afrique noire vient  des Pharaons d’Egypte.

      La 1ère édition de SIPADAK a vécu

             La 1ère édition de SIPADAK  a été organisée du 04 au 06 novembre 2016 à Dakar sur le thème « Entreprendre avec le pagne »· Le Salon international du pagne  de Dakar (SIPADAK),  est une ‘’initiative innovante’’ qui vise à «  fédérer les peuples africains, a indiqué, le ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat, Mamadou Talla… » ([3] ) lors de l’ouverture officielle.

Pour fédérer les peuples d’Afrique autour du pagne,  il est nécessaire de leur apporter l’information sur l’origine commune du pagne africain, objet de l’identité culturelle de l’Afrique noire. C’est ici que SIPADAK tire sa particularité en organisant un forum scientifique pour informer les africains sur l’origine du pagne africain.

            L’intérêt de remonter à l’origine du pagne africain  tient au fait que l’histoire de l’Afrique a été effacée. Par conséquent, un problème de mémoire et de conscience historique se posent en Afrique. Ce qui nous amène à aborder au préalable la question sur l’effacement de l’histoire de l’Afrique, en particulier sur l’effacement de l’histoire de la naissance de l’humanité en Afrique.

      L’effacement de l’histoire de la naissance de l’humanité en Afrique 

L’histoire de la naissance de l’humanité en  Afrique  a été effacée. Hubert Deschamps évoque l’effacement de l’histoire de l’Afrique en ces termes : « au temps de Bossuet, on limitât l’histoire universelle à Israël, aux Gréco-Romains et à l’Europe policée, c’était la norme » ([4] ).

C’est ainsi que  après avoir décidé d’effacer l’histoire de l’Afrique, il a fallu trouver une  explication non historique sur la naissance de l’humanité en Afrique. La théorie de l’évolution qui énonce que les premiers habitants de l’Afrique étaient des singes a été adoptée par convention à la conférence de Berlin. 

C’est ainsi que les conférenciers de Berlin ont pris l’option selon laquelle les africains sont toujours à l’état primaire de l’évolution. Autrement dit, les africains vivent à l’état sauvage. D’où le besoin de leur apporter « l’humanité » ou la « civilisation ».

            C’est ainsi qu’on développa  l’idéologie selon laquelle avant l’arrivée des européens, les africains vivaient à « l’état sauvage », c’est-à-dire outre le fait que les africains étaient considérés comme des hommes violents se faisant constamment la guerre, ils étaient aussi présentés dans des documentaires comme des hommes qui étaient  presque nus. Autrement dit, les africains ne connaissaient pas à proprement parler les vêtements. Ce sont les colonisateurs qui ont appris aux africains à se vêtir. Cela a été présenté comme un élément de la civilisation.

            Et pourtant, le tissage était déjà développé en Afrique précoloniale en particulier en Egypte antique ([5] ). Mais l’Egypte antique n’est  pas considérée comme  africaine. Car  dans les programmes scolaires, l’Egypte antique est enseignée comme une civilisation du Proche-Orient voire de la méditerranée. Mais cette opinion a été remise en question.  

Polémique sur l’Egypte antique : Cheikh Anta Diop a eu raison

L’Afrique était considérée « continent sans écriture, sans histoire et sans civilisation ». Mais après plusieurs recherches et fouilles en Egypte, les égyptologues et les archéologues ont mis à découvert la riche civilisation et culture égyptienne sous tous ses aspects : l’art, l’écriture, la gouvernance, la religion, le tissage très développé etc.

Par rapport à ces découvertes, une problématique se posa : étant donné que l’Egypte antique est en terre africaine, fallait-il considérer cette riche civilisation comme étant africaine ? Cette question a suscité des vives controverses eues égard aux théories sur l’Afrique.

En effet, d’une part, il y a les égyptologues qui soutiennent que les Pharaons étaient de race blanche, notamment Volney et consorts, et d’autre part, ceux qui soutiennent que les Pharaons étaient de race noire, en l’occurrence Cheikh Anta Diop et son collaborateur Théophile Obenga. Car,  l’égyptologue « Cheikh Anta Diop  a  démontré que l’Egypte antique était africaine par sa religion, par sa culture (langue et écriture), par sa civilisation et par sa science ». Et que les Pharaons étaient de race noire « les égyptiens avaient la peau noire au même titre que les nègres actuels… »  a soutenu Cheik Anta Diop ([6] ).

C’est « le colloque d’égyptologie du Caire organisé par l’UNESCO en 1974, (qui) marqua une étape capitale dans l’historiographie africaine, c’est-à-dire dans le travail d’écriture de l’histoire africaine. ». Car, « pour la première fois des experts africains ont  confronté dans le domaine de l’égyptologie, les résultats de leurs recherches avec ceux de leurs homologues des autres pays sous l’égide de l’UNESCO. »

 « Les recommandations du  colloque du Caire  reflètent la solidité de l’argumentation présentée par les deux Africains, Cheikh Anta Diop et son collaborateur Théophile Obenga  au cours des exposés et des débats et traduisent d’avancée scientifique décisive qui en a  découlé car « le colloque du Caire a reconnu la validité scientifique des thèses de Cheikh Anta Diop sur l’Egypte antique ».

Cependant, pour un grand nombre d’africains, la thèse de Cheikh Anta Diop selon laquelle les Pharaons étaient de race noire parait peu perceptible d’autant qu’au niveau des écoles, on continue à enseigner  l’Egypte antique comme une civilisation du proche orient voire de la méditerranéen.

            En outre, les films d’Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moise …, qui sont  largement diffusés avec les images des Pharaons blancs, ont une influence considérable sur l’imaginaire des africains pour qui la civilisation égyptienne était blanche si pas arabe à l’image de l’Egypte actuel ([7] ).

Ceci étant, outre les arguments soutenus par Cheikh Anta Diop pour démontrer que les Pharaons étaient de race noire (argument sur la linguistique, prélèvements sur les momies égyptiennes  afin de déceler leur pigmentation etc…). Nous ajoutons un élément culturel pour appuyer la thèse de Cheikh Anta Diop selon laquelle les Pharaons étaient de race noire: la tenue vestimentaire  plus précisément le port du pagne.

 

 

 

Le pagne : un vêtement royal  des Pharaons

            Origine - Son origine est africaine ([8]  ) plus précisément  égyptienne. Le pagne est une pièce de tissu ou de matière végétale tressée généralement rectangulaire, avec laquelle une personne couvre son corps des hanches jusqu'aux cuisses (pagne court) ou aux chevilles (pagne long). A l’origine, le pagne est un vêtement royal que portent les Pharaons  ([9] ) ex. Le pagne royal chendjit du musée du Louvre .

En effet, parmi les attributs de la royauté en Egypte, ceux qui vont modifier son aspect extérieur, afin d'être vu et reconnu sont  les coiffes, le pschent (couronne de haute et basse-Egypte), le khepresh, le némès. Il y a également les sceptres tels le heqa ou le nekhekh.

Le Pharaon se distingue également par son pagne, le chendjit, qu'il est le seul à pouvoir porter ([10] ). Il s'agit d'un pagne court dont les deux extrémités sont arrondies. Elles se croisent en avant et sont complétées par une pièce de tissu médiane dont la partie basse est rectiligne. Le tissu peut être lisse ou plissé. A la ceinture est attachée une queue de taureau, symbole de la force. Cette queue d'animal est également un attribut du roi ([11] ).

Le pagne en Afrique noire : une tradition et un  héritage des Pharaons

De l’Egypte antique, la culture du port du pagne comme vêtement royal a été adoptée par les autres rois et empereurs d’Afrique noire. Par exemple «  le Kita, encore appelé kente, est une étoffe dont on doit l’existence au peuple Akan, un peuple qu’on retrouve au Ghana et en Côte d’Ivoire » ([12] ).

            Si aujourd’hui l’utilisation du kita s’est répandue, il est à noter qu’à l’origine, il s’agit d’un tissu royal au caractère sacré, revêtu par les notables Akan lors de grandes occasions ( [13]).Ceci étant, le pagne n’était pas seulement un vêtement royal en Egypte des Pharaons. Cette culture s’est répandue dans le reste de l’Afrique noire. C’est ainsi que les chefs coutumiers africains ont gardé la tradition  du port de pagne comme vêtement royal jusque de nos jours. Ce constat nous amène à aborder le point sur le pagne en Afrique noire.

En effet, le pagne est présent partout en Afrique et s’affiche dans la vie quotidienne ([14] ). Car plusieurs pays de l’Afrique, en occurrence «  l’Afrique de l’Ouest ont intégré le pagne dans leurs habitudes vestimentaires quotidiennes. Au Nord du Cameroun par exemple il est considéré comme un élément de valorisation de la femme. Lorsqu’une femme s’habille en pagne dans cette partie du Cameroun elle a droit à une certaine considération ».

De Yamoussoukro à Abidjan, en passant par Gagnoa et Korhogo, il y a quelque chose de commun à tous les ivoiriens et c’est bien-sûr le pagne traditionnel. En Côte d’Ivoire, le pagne s’affiche partout avec ses couleurs vives. Kenté, Sanoufo, baoulé, wax font la fierté de la Côte d’Ivoire ([15] ).

Ceci étant, «  le pagne est le tissu privilégié des  africains. C’est un tissu porté par la plupart des africains : enfants, femmes et aussi les hommes. Il occupe une grande place dans les sociétés traditionnelles et c’est également un élément d’identification culturelle du continent africain ».

Ainsi, à la 2ème édition de  SIPADAK, il s’agira de faire la relecture de l’histoire de l’Afrique à travers le pagne africain qui est un moyen de « garder en mémoire nos origines » qui remontent aux Pharaons. Nous allons aussi lancer officiellement la publication de la brochure dont le titre est celui du présent article à savoir « Les Pharaons en pagne » à la  2ème édition de SIPADAK, un rendez-vous à ne pas manquer.       

OLIVE /Jean-Raoul LUMPUNGU

 



[1] Jean Raoul LUMPUNGU, L'Origine du pagne africain : l'Egypte Pharaonique (2), in Le potentiel

https://www.lepotentielonline.com/index.php?...origine-du-pagne-africain...

https://www.facebook.com/SIPADAK2016/posts/506814512857305

[4] Hubert DESHAMPS, Histoire Générale de l’Afrique Noire,

7sur7.cd/new/.../journee-de-la-femme-lorigine-du-pagne-africain-legypte-pharaoniqu...

 

[6] Cheikh Anta Diop, Antériorité de civilisation nègre : Mythe ou réalité, Présence africaine, Paris, 1967, p.32 

[7] Jean Raoul LUMPUNGU, L'Origine du pagne africain : l'Egypte Pharaonique (2), in Le potentiel

https://www.lepotentielonline.com/index.php?...origine-du-pagne-africain...

[8] Pagne — Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pagne

 

[9] Dominique Cardinal ,L'Egypte antique de Geb et Nout ; Didier Crahay Archéologue Conseil
Toutankhamon magazine n°4 - François Tonic

[10] Idem

[11] Dominique Cardinal ,L'Egypte antique de Geb et Nout ; Didier Crahay Archéologue Conseil
Toutankhamon magazine n°4 - François Tonic

www.pagnifik.com/les-etoffes-africaines-2/

www.musee-aquitaine-bordeaux.fr/sites/musee.../feuillets_1-le_pagne_en_afrique.pdf

[15] Les pagnes traditionnels de la Côte d’Ivoire

By Jumia Travel | février 12, 2016

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